Gault&Millau 2019 – 14/20
Pourquoi changer une recette qui gagne? Cela fait bientôt vingt ans que les Fernandez ont transformé leur restaurant au bord de la route en ambassade argentine, et la formule plaît toujours autant. Dans les deux petites salles ou sur la terrasse d’où l’on devine le lac, Monica reçoit avec une gentillesse toute sud-américaine. En cuisine, Marcelo grille comme personne une viande importée goûteuse et tendre, mais ce serait injuste de limiter à cela ses qualités. Les véganes pourtant passeront sans doute leur chemin.
Apprécions donc ce tartare de Saint-Jacques où les dés d’avocat et de rhubarbe jouent les titilleurs de goûts, comme cette sauce agéablement aigrelette, relevée d’huile d’olive de Jaén. Les tranches épaisses de saumon sont marinées parfaitement, avec leurs baies roses et une mayonnaise aux myrtilles délicates. Les filets de perche, autre spécialité de la maison, sont en vacances ce soir-là pour cause de frai (ce qui prouve que, quand il y en a, ils sont locaux).
On se rabat donc sur les choses sérieuses, la viande. L’argentine est garantie black angus d’élevage extensif et respectueux, la suisse est labellisée Swiss Gourmet Grand Cru. On l’apprécie dans un joli tartare relevé, car Marcelo Fernandez aime les plats de caractère. L’asado criollo décline trois viandes sud-américaines, rumsteak, filet et entrecôte, avec un chorizo, afin d’apprécier les différences de texture. C’est généreusement servi (340 g), parfaitement grillé et servi avec pommes au four et légumes al dente. Même perfection de viande pour ce bife angosto de lomo bajo, une entrecôte dont on choisit le poids (de 190 à… 700 g!) et qu’on accompagne volontiers de la sauce chimichurri maison. Le lomo de cordero, un filet d’agneau parfaitement tendre, arrive avec du miel de Patagonie et de la menthe dans un accord frais et savoureux.
La cave, forcément, offre les plus belles bouteilles argentines à côté d’un joli choix local.